Un nouveau regard sur la notion de paysage

par Loic Mundinger, Helay Fatah | 14/12/2020 | , | Studio Niederhauser

« Même si l’architecte peut vouloir intégrer dans l’environnement ce qu’il construit (mais il peut aussi produire des ruptures ou des médiations, bref, négocier la rupture), l’architecte paysagiste pouvant, lui aussi, vouloir créer un autre réel (ainsi, par exemple, dans les « déserts » ou, plus tard, dans les expositions universelles). Dans les premières répliques des personnages des Affinités électives, le paysage apparaît comme ce qui se donne à voir non seulement à partir d’un point de vue mais encore à la manière d’une peinture, donc comme le résultat d’un travail artistique. Certes, le paysage relève du spectaculaire, il est ce que chacun peut contempler et, pour autant, il implique la relation entre un site objectivement donné et le regard d’un spectateur précisément situé en un lieu d’où est visible une réalité objective, le point d’où il est possible d’« embrasser d’un seul coup d’œil (…) l’ensemble ». Autrement dit, le paysage est, à double titre, affaire de sensibilité : d’une part, du côté de ce qui est à voir, les données sensibles qui font le paysage remarquable et capable de produire des effets (magnifique, riant, etc.), d’autre part, l’affectivité de celui qui regarde et tout ce qui peut cadrer son regard et son sentiment »

Extrait du chapitre premier du livre « Architecture, paysage et pouvoir »,
Philippe Fritsch