Oú nos chemins se croisent

par Noemie Guillouzic | 26/10/2020 | , | Studio Clément


Préface

On retrouve ici le projet initialement nommé “Une pause, deux mots, trois degrés de plus”, rebaptisé “Oú nos chemins se croisent”.  Le premier prototype du projet était un tunnel en forme de croix, et aux passages internes rectilignes, qui se retrouvaient au centre dans une zone de forme cylindrique. Nous souhaitions à travers ce projet créer un lieu qui permettait d’échanger quelques mots ou même juste un sourire avec ceux que l’on croise. Il avait également pour but de symboliser le rôle d’interface de cette intersection, et venir matérialiser cette idée de passage entre milieux.  Cependant, la forme rectiligne des chemins allait justement à l’encontre de cette idée d’interaction entre personnes, puisqu’ils permettaient au contraire de pouvoir continuer son chemin sans se poser de questions, ni même faire attention à la structure puisqu’elle ne changeait en rien leur trajectoire.  C’est ainsi que j’ai décidé qu’il fallait repenser ce tunnel et c’est ainsi qu’à émergé ce second prototype.

Introduction-

Situé au croisement entre la route provenant de la zone urbaine, le parc composé de gazons entretenus et d’activités de loisirs, et la forêt aux chênaies, mon projet se pose sur une intersection de quatre chemins, et vient les réunir par la création d’un tunnel. 

“S’engager” au sens propre et figuré –

Par sa forme rectiligne de croix, le tunnel apparaît comme rigide, banal et quelque peu froid par une tel orthogonalité. Cependant, les passages courbés et irréguliers qui le composent, sont eux bien au contraire uniques, tous différents, et forment des chemins ne permettant pas d’aller tout droit. C’est exactement l’effet recherché avec mon tunnel: l’idée est que ce croisement, pour le moment simple lieu de passage où chacun poursuit sa route sans faire attention à ce qui l’entoure, devienne au contraire un lieu où l’on doit “s’engager” au sens propre et figuré  afin de se demander quel chemin prendre. Dans cette notion de “s’engager”, de “regarder autour de soi”, je parle de l’environnement comme des personnes : au sein de ses chemins qui rappellent ceux d’un labyrinthe, les but sont que les personnes se posent la question d’où aller -donc de perturber leur trajectoire rectiligne qu’ils suivent sans se poser de questions- mais aussi qu’à l’intérieur elles interagissent entre elles, comme en demandant leurs chemins auprès de tiers. Ces moments d’interactions, aussi bref soit-ils peuvent mener à des rencontres inattendues -qui peuvent même potentiellement être davantage développées dans le futur-.

Onex, est une cité dortoir oú la vaste majorité de la population appartient à la classe ouvrière. De fait, leur vie est rythmée par leur travail, que ce soit leur horaires répétitifs ou leur milieu de vie (les résidences de la ville d’Onex furent bâties à toute allure afin  d’accueillir la main d’œuvre croissante travaillant à Genève, dans les années 1960). Leurs logis, le travail d’usine -à la chaîne- ainsi que leurs horaires sont ainsi “droits”, “linéaires”, “invariables”, d’où la forme rectiligne du tunnel, et dont les passages veulent  contraster , afin de casser cette routine, faire vivre des expériences singulières et aléatoires. Les différents chemins invitent également à prendre le temps de réfléchir et justement se poser des questions de manière générale, de ne pas se laisser contrôler  par la routine, qui régit potentiellement nos vies.  

Un rôle d’interface entre les différents milieux-

Cette intersection avait également retenu mon attention lors de ma visite sur site car c’est un croisement qui relie les différents milieux entre eux: la zone urbaine par la route qui vient effectivement jusqu’ici pour se terminer en parking, la zone de verdure et la zone de boisée. Ainsi, cette intersection représente aussi un lieu où chacun a l’occasion de choisir où il souhaite se rendre, selon ses envies , afin de faire le plein d’air frais, s’échapper de la ville: il y en a pour tous les goûts :parcs, forêts, zones de loisirs, etc…. Le tunnel symbolise le rôle d’interface de cette intersection, et vient matérialiser cette idée de passage entre les différents milieux. On retrouve notamment ces différents milieux dans les passages du tunnel qui représentent chacun, par leur forme, des éléments de ces milieux, et l’on peut retrouver les textures différentes qui tapissent leurs sols sur ceux du tunnel. 

Materiaux sur la maquette du platre pour mouler leur textures

Un abri agreable et conviviale, des intemperies comme de la zone urbaine-

Enfin, ce tunnel est également un lieu abrité qui se veut agréable. En effet, par mauvais temps -ou pas d’ailleurs- cette infrastructure créée une sorte de pièce ouverte dont le cœur est le centre même du tunnel. Ce dernier est aménagé de façon à ce qu’il représente le croisement des différents chemins : ayant opté de base pour un carré central, c’est après réflexion que je voulais au contraire modeler ce centre en fonction du passage des gens donc plutôt avec des bords arrondis, et qui suit le cours des chemins.  Ce lieu de transition est alors plus doux et plus naturel. Le cœur du tunnel est ainsi un lieu qui n’est pas agressif mais justement modèle les gens eux même par leur passage. Cette idée d’abri peut aussi être retrouvé dans le concept même du tunnel puisque son but est justement de permettre de choisir sa trajectoire vers un lieu de confort qui contraste avec la froideur de la zone urbaine. L’idée de rencontre et d’échange au sein du tunnel vient aussi appuyer sur cette idée de convivialité. Alors ce lieu est tel un abri, physiquement par sa nature de tunnel, qui peut se développer en une pièce en elle même (par sa fonction de transition), mais aussi symboliquement, il vient abriter ceux qui veulent s’échapper de la zone urbaine, faire une pause, en leur offrant le choix de voies plus agréables.

Perspective d’une personne d’1m80, regardant vers le chemin provenant de la zone urbaine

Conclusion-

Ainsi, mes intentions à travers ce tunnel est d’abord de perturber la routine de la population de la zone urbaine, en cassant leur trajectoire rectiligne en leur proposant des expériences uniques, qui peut notamment les inviter prendre conscience de ce qui les entoure et prendre le temps de réfléchir, ce que l’on a tendance a oublier a faire dans un monde rythmé de manière presque automatique. De plus, les passages au caractère de labyrinthe vient les inciter à interagir avec ceux qui les entourent, et ainsi faire des rencontres inattendues qui peuvent découler sur des amitiés, de nouvelles habitudes, etc…autant d’éléments qui peuvent être le début de nouvelles relations. Puis, la structure du tunnel est aussi une interface entre les différents milieux qui se tiennent la main dans ce croisement, et permet de s’échapper de la zone urbaine vers des lieux plus plaisantes. Enfin, ce lieu est tel un abris, physiquement par sa nature de tunnel, qui peut se développer en une pièce en elle même qui se veut conviviale et agréable (renforcé par des rencontres et des pièces définies par le passage des gens), mais aussi symboliquement, il vient abriter ceux qui veulent s’échapper de la zone urbaine, faire une pause, en leur offrant le choix de voies plus agréables. Ainsi mon projet se veut physique, social et sociologique. 

Ainsi mon projet se veut physique, social et sociologique.