Modularité cyclique : une relation cyclique à l’éphémérité
par
Hugues Terosier,
Axel Bouvier | 7/04/2023 |
CONSTELLATION,
Debate |
Studio Maréchal
Durant la phase précédente, un point que nous avions laissé en suspens était de questionner la capacité de différents éléments et structures éphémères à avoir un impact durable avec quelque chose fait pour disparaître rapidement.
Un bon moyen de rendre une éphémérité plus permanente dans le temps serait sûrement de la rendre cyclique. Ainsi celle-ci conserverait son intérêt comme point mouvant dans le paysage, tout en devenant un point de repère dans certaines habitudes des usagers, à la manière d’un phare dans la nuit, dont on ne perçoit la lumière que de loin en loin mais qui nous permet cependant d’arriver à bon port.
Afin de proposer cette approche cyclique de l’éphémérité, nous avons imaginé une structure sur laquelle celle-ci pourrait prendre place. Cette structure est composée de modules triangulaires qui lui permettent de prendre les expressions adéquates à chaque éphémérité s’installant sur le site. Ainsi l’installation peut accueillir un jour un marché et une représentation théâtrale le lendemain, avec une partie des modules triangulaires élevés en gradins. Les modules sont légers et sont donc faciles à déplacer pour passer d’une expression à une autre. Les différentes configurations que nous proposons ont par ailleurs l’avantage d’utiliser exactement le même nombre de modules et d’avoir une emprise au sol presque identique afin de tirer le meilleur parti de l’espace utilisé.
La première configuration que nous proposons est celle d’un marché. En effet, évènement cyclique s’il en est, cette typologie nous a tout d’abord intéressé en raison du lien social qu’il peut représenter. Il pourrait s’agir d’un bon moyen pour permettre aux habitants d'interagir et de créer un lien social dans un quartier dominé par ses fonctions professionnelles, qui nous a toujours paru désempli lorsque nous nous y sommes rendus. La forme que nous avons choisie est celle d’un octogone percé en son centre afin de créer une sorte de parcours le long des étals, dans un parcours circulaire rappelant l’aspect cyclique du lieu.
La deuxième expression que nous proposons est un amphithéâtre, où la moitié de l’aire du marché devient une scène tandis que l’autre moitié s’élève le long des colonnes placées pour soutenir les modules afin de former des gradins. Sous cet aspect, la structure pourrait ainsi accueillir toutes sortes de représentations théâtrales ou musicales, ce qui pourrait apporter une vie culturelle dans un quartier qui a récemment été dépourvu de l’Opéra des Nations.
Mais la gestion d’une telle structure, dévouée à accueillir des événements éphémères ne devrait pas se restreindre à une programmation rigide et limitée. C’est pour cela que nous proposons que cette structure soit mise sous la tutelle de la commune, qui, en plus des événements récurrents comme le marché qui prendrait place tous les lundi et samedi par exemple, pourrait mettre à disposition de tous, notamment des associations, la possibilité de mettre en place une éphémérité sur un créneau donné, récurrent ou non. L’idée serait que les habitants puissent s’approprier la structure et surtout les usages qui en sont faits. En tout réalisme cependant, il est probable que personne ne prenne le temps de déplacer les modules afin de changer l’expression de la structure. C’est pour cela qu’il pourrait être intéressant que la commune emploie des personnes afin d’effectuer les déplacements nécessaires. Cela serait de plus une opportunité d’une part d’engager les résidents du centre d’accueil pour réfugiés voisin et d’ainsi leur permettre un début d’insertion sociale, tout en permettant à ces résidents de se familiariser et finalement de s’approprier encore plus cette structure dont ils seront sûrement les premiers usagers.