Une promenade avec les oiseaux au bord d’un complexe industriel international :
Nous nous intéressons à une portion du Rhone particulièrement impactée par l’industrie. Le Studio Fauvel à étudié les deux rives du fleuve aux abords de l’actuelle usine de Givaudan, a Vernier. C’est donc l’ensemble de la zone qui est directement reliée à l’usine et son histoire, notamment la rive droite qui est accolée à l’usine.
Nous allons à travers différentes cartes suivre l’évolution de la surface forestière sur les deux rives, ainsi que le bâti de l’usine.
Nous débutons notre investigation en 1845. Nos recherches étant basées sur des cartes provenant du site geo.admin.ch, celle de 1845 est la plus ancienne dont nous disposons. La foret est présente sur les deux rives. L’emplacement actuel de l’usine n’était pas exploité.

Les années 1896-1897 marquent un tournant majeur pour le territoire. Notre carte date de 1913, première carte ou apparait un complexe industriel. A cette époque une usine hydroélectrique installée au niveau de la passerelle de Chèvre tout au bord du Rhone tourne à plein régime depuis 1896 pour produire 25% de l’électricité de Genève. La société d’arôme et de parfum Givaudan s’installe à Vernier un an après en 1897, avec son usine juste en amont. Le territoire s’en trouve fortement impacté : L’espace forestier est ainsi dessiné par les imposants bâtiments du complexe. Une installation de l’usine hydroélectrique vois aussi le jour sur le Rhone, affectant le cours de l’eau. Cette zone est à cette époque dans une dynamique de production de ressources et de développement industriel. Nous remarqueront que la foret de la rive de gauche (dans le sens du courant) est très peu impacté, cette zone étant principalement utilisée pour l’agriculture. La pente importante empêche aussi une activité trop proche de l’eau sur la rive gauche.

L’année 1958 marque l’expansion de l’usine de parfum. L’usine hydroélectrique est arrêtée en 1943. Son passage laisse des marques durables sur le territoire, notamment visible aujourd’hui avec la passerelle de chèvre et ses imposant plots en béton (Un post du studio Fauvel propose une histoire en image de l’usine hydroélectrique https://aliceblogs.ch/turbines/). La foret n’est plus présente sur la rive de droite, au profit du complexe industriel.

Nous finissons notre balade historique avec une carte de 2020, marquée par une envie de rendre les bords du Rhone aux promeneurs, et ainsi qu’aux nombreuses espèces animales et végétales qui font la richesse du site. L’usine de Givaudan, première entreprise mondiale du secteur des arômes et de la parfumerie, c’est développée, et une autoroute à été construite pour enjamber le Rhone en 1990. Malgré cette présence humaine marquante, le canton mis en place une série d’actions : Le Rhône est devenu de plus en plus important pour les oiseaux hivernants depuis la suppression de la chasse en 1974, et classé comme site d’importance nationale voir internationale pour de nombreuses espèces. Depuis le 2 mars 2001, le Rhône genevois dans son intégralité figure dans la liste des sites protégés par la Convention de Ramsar sur les zones humides. L’exploitation industrielle et la navigation s’en trouvent limités, et des zones de roselières sont crées sur son cours. Comme en témoigne la carte, une roselière crée artificiellement prend la place de l’ancienne installation hydroélectrique, signe fort d’une volonté de préservation de l’environnement.
Cette volonté de rendre le site aux promeneurs est marquée par un reboisement de la rive gauche. Lors de nos sortie sur le site, nous remarquions que la foret était bien plus jeune sur la rive droite que sur la rive gauche, qui n’a que peu évolué depuis 1845. Le chemin pédestre qui nous permet maintenant de longer la rive résulte de toutes ces démarches.

Malgré cette nouvelle dynamique apportée au site, la présence de l’usine reste forte et ses traces sur notre parcours de promeneur sont nombreuses. C’est sur l’une d’elle que nous nous sommes accroché, une canalisation provenant de l’usine, passant sous le chemin pour se jeter dans le Rhone. Découverte après que l’on nous est attribué un point de coordonnée précis, elle va être le début d’un projet dans la continuité de celui engagé par le canton de Genève et la commune de Vernier depuis une vingtaine d’année : Donner aux promeneurs récemment réintégrés l’opportunité d’observer un site riche nouvellement ré-approprié par la faune et la flore Genevoise, sur le thème de la contemplation.

Noé Lesoille, Lucia Decalf, 19/12/2020
