La contemplation japonaise

par Noé Lesoille, Lùcia Decalf | 19/12/2020 | , | Studio Fauvel


Notre thématique principale du pôle PLANES est la contemplation. 

Dans un autre post, nous proposons une narration articulant l’expérience sensorielle et émotionnelle que l’on peut vivre par notre installation. https://aliceblogs.ch/le-choix-dune-narration/

Cet article traite de la structure de celle-ci.

Afin de mettre en place ce lieu de pause et de contemplation, nous avons repris des notions de l’architecture japonaise. L’architecture japonaise est très codifiée en un système de concepts spatiaux qui confèrent une dimension spirituelle à l’espace.

Une première notion essentielle est le Ma. Le Ma est un terme japonais qui signifie « intervalle », « espace » ou encore « durée ». Il se réfère ainsi à une pause spatiale et/ou temporelle. Le récepteur qui se trouve dans cet intervalle est transporté. 

Nous avons recréé cette pause, au moyen de panneaux coulissants le long de notre structure. On considère dans la culture japonaise que le changement est un trait essentiel de la nature et la vie est une expérience mouvante, rien n’est permanent ni absolu. On retrouve cette aspect avec les Shoji, qui sont des panneaux amovibles. Le plan devient libre et l’espace flexible selon les envies du passant. 

Il peut s’isoler du tout, n’ayant que le Rhône face à lui, ou bien barrer le chemin et se détacher du chemin sur la passerelle pour contemple. Le mot shoji (障子) désignait à l’origine un outil permettant de faire de l’obstruction, barrer le chemin, ce que notre installation permet de faire.

Le passant peut aussi s’asseoir sur l’estrade qui vient s’appuyer sur la pente à gauche du chemin, et dans cette même direction, perpendiculaire au Rhône, contempler. 

On retrouve ces différentes configurations dans les dessins suivants :

Les cloisons sont d’autant plus intéressantes du fait qu’elles soit quasiment transparentes et n’établissent pas de barrière nette entre l’intérieur et l’extérieur. Les influences extérieures, comme les silhouettes ondulantes des arbres peuvent être appréciées de l’intérieur. Les panneaux laissent pénétrer la lumière naturelle en profondeur à l’intérieur et donnent une intimité visuelle, mais ils ne bloquent pas pour autant les sons. Nous proposons ainsi au passant une véritable expérience sensorielle. 

Un autre élément essentiel de l’architecture japonaise est le quadrillage modulaire. Au Japon on laisse lisiblement apparaître la trame selon laquelle la construction est conçue. 

Elle impose un cadre à la conception : le juste équilibre entre la souplesse spatiale, permise par les panneaux coulissants, et la rigueur imposée par le quadrillage.  

Dans l’image ci-dessous nous retrouvons cette rigueur : un système typique de quadrillage, support de construction.

Ce type de quadrillage résonne avec nos investigations des précédentes phases.

Lors de la phase ELEMENTS, nous avons abordé l’étude du site au moyen d’un carroyage tridimensionnel. Nous avons poussé ce concept pour la phase PLANES.

Une canalisation provenant de l’usine, passe sous le chemin et se jette sous le Rhone. Nous posons le carroyage de cellules de 50cm de côté. La structure est construite au moyen du carroyage en s’accrochant sur le site et notamment à la canalisation. Les escaliers tout comme les panneaux et la structure porteuse sont organisés selon ce rythme unifié. On retrouve ce même rythme sur le plan.

Lucia Decalf, Noé Lesoille, Studio Fauvel